Tout ce qui a émergé nous sera fort utile dans le futur, proche comme à long terme
Face à l’ampleur de l’épidémie de Covid-19, les établissements de santé ont dû s’adapter et, bien souvent, modifier leurs organisations, leurs pratiques et leurs habitudes. En première ligne de cette lutte, les laboratoires de biologie médicale et les services cliniques ont vu leur collaboration se resserrer étroitement. Voilà, en substance, le cœur de l’intervention aux prochaines JIB du Professeur Enrique Casalino, chef des urgences de l’Hôpital Bichat, qui reviendra sur la gestion de crise épidémique dans leur établissement. Témoignage.
« Cette épidémie a rappelé l’importance fondamentale d’une collaboration étroite entre les laboratoires de biologie et les services cliniques. C’est ce que nous avons constaté à l’Hôpital Bichat et dont nous tirons un bilan très positif.
Le laboratoire, pierre angulaire de toute la stratégie de l’hôpital
En effet, les premiers sont essentiels dans le diagnostic précoce, lequel est un sujet majeur de prévention et permet d’optimiser la prise en charge des patients. De fait, c’est d’autant plus le cas dans le cadre d’une maladie infectieuse aérotransportée telle que la Covid-19, où il est essentiel de protéger l’hôpital dans son ensemble, c’est-à-dire tous les patients (et pas seulement ceux touchés par le virus), mais également tous ceux qui y exercent. De ce fait, le laboratoire a été la pierre angulaire de toute la stratégie de l’hôpital.
En outre, au-delà des murs de l’hôpital, le laboratoire a joué un rôle crucial en matière de santé publique globale permettant l’élaboration de stratégies de testing, d’information, de mise en isolement des personnes positives, etc. Cela ne veut pas dire que ce n’était pas le cas auparavant, mais notre laboratoire s’est ouvert encore davantage sur la ville, afin d’aller chercher les patients pour des dépistages rapides sans attendre qu’ils se présentent d’eux-mêmes, évitant ainsi une paralysie générale.
Une (ré)organisation extrêmement rapide
Enfin, au début de la crise, les prélèvements et examens considérés à très hauts risques devaient absolument être réalisés dans des laboratoires P3. S’il y a eu un déclassement de certains examens au fil du temps, cela n’en a pas moins nécessité une (ré)organisation extrêmement rapide afin de pouvoir traiter les échantillons infectieux tout en garantissant la sécurité des personnels.
Je rappellerai également que les laboratoires ont su être réactifs pour optimiser la qualité, leur équipement, leur organisation, l’approvisionnement des stocks et des réactifs. À Bichat, cela s’est notamment traduit par un renforcement des examens de biologie délocalisée, c’est-à-dire au lit des patients avec l’obtention de diagnostics en quelques minutes seulement.
Un cercle vertueux d’amélioration réciproque
Tout cela permet de réaffirmer, à mon sens, à quel point il est fondamental pour les laboratoires et les équipes cliniques de travailler main dans la main. Nous constatons d’ailleurs que les établissements qui ont pu faire face très rapidement aux défis posés par cette crise sont ceux où préexistait une culture du travail articulé et de confiance, car elle leur a permis d’adapter au plus vite leurs pratiques, dans l’intérêt de tous nos patients et des personnels.
À partir du moment où les réponses des laboratoires sont adaptées aux attentes des cliniciens, un cercle vertueux d’amélioration réciproque s’installe. Et tout ce qui a émergé nous sera fort utile dans le futur, proche comme à long terme. Ainsi, les process éprouvés dans le cadre de la Covid peuvent être appliqués à d’autres prises en charge, comme celle de la grippe saisonnière, par exemple. Car il est fondamental de tirer un enseignement de toute situation, si délicate soit-elle. »
Au programme des JIB 2020, le mercredi 9 décembre 2020
« Mesures sanitaires, gestion de crise et pandémies : le cas du coronavirus. Retours d’expérience de l’Hôpital Bichat »
Avec le Pr Enrique Casalino, Chef de service des urgences, le Pr Diane Descamps, Chef de service du laboratoire de virologie et le Pr Xavier Lescure, Chef de service adjoint des maladies infectieuses.
Le Professeur Jean-Michel Halimi est néphrologue, Chef de service au CHU de Tours. Il travaille étroitement avec les biologistes médicaux hospitaliers et libéraux dans le cadre du dépistage et du suivi des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC). Pour lui, l’innovation en biologie doit autant favoriser le dialogue entre le biologiste et le médecin que des rendus de résultats qui améliorent la fiabilité du diagnostic.
Le dépistage et la prise en charge des patients atteints d’Insuffisance rénale chronique (IRC) feront l’objet de deux rendez-vous lors du Congrès :
- L’un s’interrogera sur le fait de savoir si la créatinine plasmatique sera encore le gold standard demain ?
- Le second permettra de découvrir les dispositifs mis sur pied par les URPS de biologistes Centre-Val de Loire et PACA avec les médecins pour optimiser le dépistage et le suivi de l’IRC.